La dynamique du Vivant

La nouvelle exposition de la galerie marmandaise qui propose toujours « un autre regard » réuni deux plasticiens dont les recherches se rapprochent, s’entrecroisent parfois. Le geste non retenu, la constructions jamais totalement maîtrisée, l’inachevé, voici ce dont il est notamment question.

Daniel Boursin navigue entre la région parisienne et notre bon Lot-et-Garonne. Grand voyageur, volontiers marcheur, il se passionne pour le vivant, le végétal, la croissance des plantes qui toujours trouvent leur voie. Et jusqu’aux énergies telluriques. Combinant souvent les techniques, ses oeuvres, toujours sur papier, se présentent au premier abord comme un entrelacs de lignes inextricables. Se superposant par plans, se confondant parfois, s’enfonçant dans l’opacité ou fuyant jusqu’à l’effacement, les lignes dessinent des espaces insoupçonnés, des paysages de notre Terre ou d’ailleurs. Le plaisir du tracé, exclusivement sur papier, fait penser à la calligraphie et de fait Boursin est un connaisseur de l’oeuvre de Fabienne Verdier, la plus chinoise de nos peintres français.

La photographie, précisons le, fait partie du processus créatif. Le plasticien capte ainsi nombre d’images lors de ses marches. Plus qu’un catalogue d’idées utilisables, elles s’intègrent parfois dans l’oeuvre, sous forme d’impressions rehaussées de touches d’encres qui en bouleversent la perception.

Daniel est aussi le sculpteur de l’exposition. Ces céramiques obéissent aux mêmes lois que ces travaux graphiques, la troisième dimension ajoutant encore aux questionnements.

Karine Potier est bordelaise. Dessinant depuis son enfance, elle s’essaye à toutes les techniques, tous les métissages. Si nombre de peintres, en particulier les contemporains Twombly et Rebeyrolle, nourrissent ces recherches inlassables, ce n’est que tardivement qu’elle s’autorise à exposer. Comme souvent, c’est une rencontre, l’artiste Anne de Buttet, qui l’aider dans la démarche, l’exhortant à « aller au bout » de travaux par trop inachevés. Considérant son exposition chez Garozarts comme un moment important de son parcours, elle présente des travaux sur toiles et papiers dont le geste, l’épaisseur de la matière triturée, les coulures, les chocs de couleurs sont la grammaire. On ne saurait dire si l’artiste estime être « allée au bout » mais l’audace, le courage ne manquent pas. Il y a de la rêverie. Il y a du plaisir. La dame, toujours en recherche, nous dit se consacrer maintenant à l’art textile. Les expériences, encore.

Daniel BOURSIN

Karine POTIER