Rencontre avec …

Rony SPERANZA| Photographe

De mon enfance, je me souviens particulièrement de l’admiration que je portais à mes grand-pères maternel et paternel.

Bien qu’ils connussent tous deux la rudesse du travail agricole, je garde le souvenir de leur joie de vivre, de leur esprit poétique et créatif. Le premier aimait les belles lettres et avait tenu durant plusieurs années un journal, chronique des événements de son époque.. Le second faisait quant à lui, feu de tout bois et le moindre objet mis entre ses mains se paraît d’une dimension féérique qui faisait notre joie. Ce n’est que plus tard que j’allais prendre conscience du lien de filiation qui m’unissait à eux par cette fibre créatrice.

Durant mon adolescence, et même au-delà, j’ai eu le sentiment de vivre ma vie en décalé, d’être une radio mal réglée qui ne trouve pas la bonne fréquence. J’ai suivi une formation universitaire en psychologie et travaillé de nombreuses années dans le milieu social tout en percevant dans mes rencontres et mes réalisations en sculpture et peinture, une facilité et une forte attirance pour l’expression artistique.

Je me souviens m’être essayée, à 17 ans, à la photographie. Je réalisais des portraits de ma soeur mais aussi des natures mortes animées par des allumettes en flamme. Je prenais déjà goût à détourner les objets pour créer des illusions que je photographiais. Un moment important pour moi, à cette époque, a été celui où, alors que j’allais récupérer des photos données à développer, le photographe, après m’avoir demandé qui les avait réalisées, m’a félicitée et encouragée à continuer.

Des années se sont écoulées avant que je ne prenne véritablement conscience que la création artistique n’était pas pour moi qu’un simple loisir mais davantage une vocation. A partir de ce moment-là, la photographie devint mon seul moyen d’expression.

Ma recherche artistique est orientée autour de grandes questions telles que le sens de la vie, le « que suis-je ? » ou le « qui suis-je ? ». Questions auxquelles je tente de trouver des bribes de réponses dans mes compositions photographiques, observant l’impact réciproque entre la lumière et les matériaux qu’elle éclaire.

Depuis 2014, je photographie des morceaux de plastiques et de textiles. Après avoir débuté ce travail dans des serres maraîchères et horticoles, je me consacre aujourd’hui à photographier des suspensions de matériaux similaires sur un portique installé dans mon atelier.